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Accompagner écouter soulager… et vivre!
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  • Bénévole d'accompagnement en soins palliatifs, je vous propose de partager quelques moments passés à la rencontre de l'autre, auprès des plus vulnérables. A la frontière de la mort mais pleinement dans la vie.
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4 avril 2016

On n'en a jamais parlé...

- C'est vous qui mettez ça ?

Une jolie femme m'interpelle en me désignant la cafetière, la théière et les biscuits mis à disposition des familles. Elle est en train de faire chauffer de l'eau et de préparer un plateau. En voyant ses traits tirés, je comprends que ses journées sont longues et peut-être même ses nuits.

Cette femme accompagne sa mère depuis plus d'une semaine. Nous sommes au mois de juillet, la ville est déserte, et toute sa famille est en vacances. Elle est seule auprès de sa mère qui va moins bien depuis deux jours.

- Elle décline tellement vite, c'est impressionnant.  Elle parle quand même encore un peu. Mais elle dort beaucoup. Je suis en train de lui préparer un thé,  je ne suis même pas sûre qu'elle en voudra.

En disant cela elle s'assoit sur un banc, pose le plateau sur les genoux et commence à boire le sien; elle a besoin d'une pause avant de retourner dans la chambre ; sa solitude doit lui peser. Assise à côté d'elle je la laisse prendre un peu de temps pour elle.

- Il faut que je parle au médecin. Je ne comprends pas pourquoi tout va si vite. Je suis toute seule ici, je ne sais pas quoi faire, vis-à-vis de ma famille ; je crois que je vais dire à mes frères et sœurs de revenir. J’imagine qu'elle n'en a plus pour longtemps. Ils aimeraient peut-être la voir tant qu'elle peut encore parler. Le problème c’est que je n'en sais rien de ce qu’ils souhaitent. Je ne comprends pas comment on n'en a jamais parlé avant. Ça nous semblait loin tout ça… Je ne suis pas du tout préparée, ni moi, ni mes frères et sœurs je crois. C'est curieux. Pourtant nous sommes tous grands-parents, nous avons des proches qui ont perdu leurs parents, je me suis occupée d'une amie très récemment, elle m'a beaucoup parlé, et je crois que j'ai su l'aider... Mais alors pour moi, zéro. Je m’aperçois que je ne sais pas du tout. Je ne sais pas gérer, je ne sais pas quoi dire à ma mère et à ma famille, ni quoi faire... C'est curieux non ? Je suis totalement désemparée.

En l’écoutant parler, je ne peux m’empêcher de penser qu’elle exprime ce que beaucoup de personnes vivent ici. Le sujet de la fin de vie n’est pas abordé, ou si rarement. Face à la violence d’une mort prochaine, le silence et le déni sont parfois une ultime protection. Quelque soit l’âge…

Elle se tait et reprend une gorgée de thé.

- Ça m'a fait du bien. Merci pour votre temps ; c'est bien ce que vous faites ici. Vous êtes très utile. Je vous laisse, je vois le médecin qui arrive. il faut qu'il me dise pour ma mère, si il faut que je rappelle ma famille. A bientôt.

Elle me serre la main et s'éloigne à pas rapides vers le médecin; je n'ai pas eu le temps de lui dire combien ce que je fais ici est bien pour moi aussi ! 

Commentaires
S
Eh oui ! la mort est plus terrible si on n'en parle jamais !
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M
Merci, aussi pour la variété des manières d'être présente, selon les rencontres.... <br /> <br /> La finesse des observations et le partage que nous consultons si régulièrement ! 18218 visiteurs !
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D
Je travaille en EHPAD, et je suis parfois désarçonnée par ces enfants qui se révoltent devant la mort prochaine de leur parent de plus de 90 ans. <br /> <br /> "Je ne VEUX pas qu'elle meure" ou "Je mets tout mon espoir en vous (pour une dame de 97 ans)".<br /> <br /> Il doit y avoir des choses tellement anciennes qui se jouent là, c'est parfois impossible de faire cheminer les enfants vers un départ apaisé.
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