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Accompagner écouter soulager… et vivre!
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  • Bénévole d'accompagnement en soins palliatifs, je vous propose de partager quelques moments passés à la rencontre de l'autre, auprès des plus vulnérables. A la frontière de la mort mais pleinement dans la vie.
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5 décembre 2014

Pas avant le 13 !

Aujourd’hui il fait trente degrés dans le jardin. Un homme est assis sur un banc, penché en avant, une perfusion en bandoulière, une cigarette à la main. Il a les doigts jaunes de celui qui a trop fumé et le teint gris de celui qui le paie. Il m’interpelle ;

- t'as l'heure ?

- Cinq heures ;

- J’ai chargé mon portable mais il ne marche pas »

C'est un homme de la rue, ou très proche, qui a le tutoiement facile.

- Tu peux t’asseoir sur le banc.

Il joue le détaché, celui qui commente le temps, la chaleur, l’indépendant qui ne dépend de personne…

- En fait il ne me sert à rien mon portable. Seulement pour lire l’heure. Je n’appelle jamais, il est quelle heure tu dis ?

J’ose à peine lui dire qu’il est toujours cinq heures.

- Mon fils devait venir. Et mon frère aussi. Ils sont pas venus »

Il allume une autre cigarette.

- Quand ils viennent on sort dans la rue, dans la vie. Ici c’est la chambre, l’ascenseur, le jardin. J’ai rien à faire. Dehors il y a les magasins, le monde ; les gens pas malades.  Les gosses qui me regardent. Ils sont mal élevés les jeunes d’aujourd’hui. Ils n’ont jamais vu un fauteuil roulant. Ils disent à leurs parents « t’as vu le monsieur en fauteuil » et moi je les fixe et je leur dis « ben oui, ça arrive ; je te le souhaite pas ». Et là ils se taisent.

Un médecin vient s’asseoir à quelques mètres de nous.

-Tiens ça y est, c’est la fin de ma permission. Il m'avait dit qu'il viendrait me chercher; Faut que je rentre.

Le médecin allume sa cigarette... Il a encore quelques minutes.

« J’espère que tout ce bordel que j’ai là (et il me montre son poumon), me laissera tranquille jusqu’au treize juillet.  Après je m’en fous ; mais quand même pas avant le treize!!

Alors que je l’interroge sur la signification de cette date, il me regarde surpris et éclate d'un rire sonore :

Le treize juillet ! ...  tu ne sais pas ce que c’est le treize juillet ? C’est la finale de la coupe du monde de foot !  Quand même, une coupe du monde ! ça ne se rate pas hein !

Et les yeux brillants, un sourire aux lèvres il partage une nouvelle cigarette avec son médecin venu le chercher.

 

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Commentaires
K
Si bien raconté que l on y est, à côté sur le banc avec vous !
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