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Accompagner écouter soulager… et vivre!
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  • Bénévole d'accompagnement en soins palliatifs, je vous propose de partager quelques moments passés à la rencontre de l'autre, auprès des plus vulnérables. A la frontière de la mort mais pleinement dans la vie.
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30 décembre 2016

Vous y croyez vous?

Une grande dame toute maigre regarde avec application vers le mur du couloir. 

De nombreux dessins maladroits annoncent Noël ; des dizaines de feuilles blanches sur lesquelles des enfants ont colorié des cadeaux aux nœuds démesurés, des sapins décorés de guirlandes multicolores, des pères Noëls barbus et joviaux. Ici et là quelque lettres un peu tordues, « joyeux Noël », « cadeau » « bonheur». En m’approchant, je peux voir des familles représentées, une table dressée, un feu de cheminée ; sur d’autres dessins une crèche, des rois mages,  des bougies. Tout l’imaginaire des enfants est représenté sur ces feuilles. Ils nous parlent de joie et de fête de famille, certains racontent un avènement, la naissance d’un sauveur. Donnés par une classe d'une école voisine, ils viennent égayer un peu les couloirs de l’unité.
J’essaye de deviner ce que ces dessins évoquent pour cette dame. Je ne l’ai jamais rencontrée et ne sais pas qui elle accompagne. Un peu en retrait, je la laisse entamer la conversation :

- Ha, vous êtes bénévole. Vous êtes très nombreux.

Le ton de la voix est las. J’acquiesce sans relancer et laisse cette dame reprendre son observation. Elle me paraît vouloir rester tranquille. Alors que je m’éloigne un peu, elle élève un peu le ton dans ma direction :

- c’est curieux non ?

Je devine qu’elle parle des dessins.

- Comme si ici on pouvait penser à ça.

J’essaye de comprendre si ça la choque, ou la blesse.

- Je ne sais pas. Je trouve ça décalé.

Tout en disant cela elle se déplace un peu pour regarder les autres dessins. Elle essaye de lire le prénom des enfants en bas de page.

- Vous voyez, dans la chambre derrière moi il y a mon fils. Quand il avait six ans il me faisait des dessins comme ceux-là.

Nous marchons lentement côte à côte, de feuille en feuille. Elle s’arrête. Devant nous une représentation de la crèche, Marie en bleu ciel, une auréole géante sur la tête, Joseph barbu et chevelu, un bâton à la main, et un minuscule enfant Jésus dont la tête semble posée sur le ventre d’un âne. A côté, l'enfant a rajouté un sapin enrubanné, un ange ailé et quelques cadeaux...

Ce dessin laisse cette dame silencieuse. Au bout de quelques minutes, elle se retourne vers moi.

- C'est une curieuse histoire quand on y pense. Maintenant je me demande comment on peut y croire. Depuis la maladie de mon fils, je ne crois plus à rien. J’aurais cru si mon fils avait été sauvé. Mais il n’a pas été sauvé.

Elle me tend la main pour prendre congés. Il n’y a rien à ajouter. Je la raccompagne jusqu’à la chambre. En ouvrant la porte elle rajoute :  

- Vous y croyez vous à tout ça ?

Et entre sans attendre ma réponse.

 

 

 

Commentaires
S
Toute la douleur et le désarroi d'une mère qui perd son enfant.... c'est elle qui faut soutenir maintenant.
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G
j'essaie de croire encore, cela permet de vivre mieux, et j'aime les dessins d'enfants ils expriment tant de choses bonne année à vous
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